« Mon petit Antoine »

Correspondances et conversations avec MARCEL PROUST

Marcel Proust est mort le 18 novembre 1922, à 51 ans. Cette année marque ainsi le centième anniversaire de la mort de celui que l’on considère désormais dans le monde entier comme l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Antoine Bibesco (1878-1951) fut tout au long de sa vie l’un des amis les plus proches de Proust. Il fut l’un de ses informateurs privilégiés pour constituer les personnages de la Recherche et a prêté lui-même nombre de ses traits au personnage de Robert de Saint-Loup.

« Une seule personne me comprend, Antoine Bibesco ! » écrivait Marcel Proust à Anna de Noailles en 1902. Et à son ami lui-même : « Je t’ai toujours considéré comme le plus intelligent des Français. » C’est là l’intérêt exceptionnel des correspondances et conversations qu’a publiées Antoine Bibesco en 1949 : Proust ne se confie à nul autre comme à lui. Couronné par l’Académie française, ce livre n’a pourtant depuis lors jamais été réédité.

Les Bibesco habitaient au 69, rue de Courcelles. Les parents de Proust étaient au 45. La mère d’Antoine Bibesco, la princesse Hélène avait un des salons les plus brillants de Paris. C’est là que Proust fit la connaissance des frères Bibesco. Les deux frères le font entrer dans la petite société secrète qu’ils ont constituée avec leur ami Bertrand de Fénelon. Les Bibesco sont « Ocsebib » ; Fénelon est «  Nonelef  ». Marcel devient« Lecram ». Quelques années après, Marcel et Antoine iront plus loin en se liant par un pacte : tout se dire de ce qu’ils entendent sur l’un et sur l’autre.

En 1912, quand Swann est terminé, c’est à Antoine Bibesco que Proust confie son manuscrit pour le présenter à la N.R.F. Le livre ne sera pas accepté, mais la lettre qu’adresse Proust à son ami demeure un passionnant manifeste esthétique : « Le style n’est nullement un enjolivement, comme croient certaines personnes, ce n’est même pas une question de technique, c’est comme la couleur chez les peintres, une qualité de vision, une révélation de l’univers particulier que chacun de nous voit et que ne voient pas les autres. »

Après la mort de Fénelon au champ d’honneur en 1914 et le suicide d’Emmanuel Bibesco à Londres en 1917, Antoine Bibesco restera jusqu’à la mort de Proust l’un de ses amis les plus proches.

   Coll. Les Vies imaginaires  –  2022  –  16 euros  –  ISBN 978-2-845-900340-1