Remédier aux grands désordres

Un message pour l’Église

Préface de Jacques Arènes, psychanalyste. Postface d’Éric de Clermont-Tonnerre, dominicain

Cet ouvrage paraît en écho aux nombreux rapports internationaux sur les différentes sortes d’abus dans l’Église, et récemment celui de la CIASE en France. Marie de la Trinité a elle-même subi et dénoncé les abus commis par les clercs. Remédier aux grands désordres, c’est comprendre ces abus et traiter le mal à sa racine.

La dominicaine Marie de la Trinité (1903-1980) a laissé une œuvre exceptionnelle qui tout à la fois s’appuie sur une très riche expérience mystique et développe une réflexion spirituelle puissante et originale sur le christianisme et sur l’Église. L’importance de son message a été reconnue par des personnalités aussi importantes que le gand théologien suisse Hans Urs von Balthasar ou Antonin Motte, provincial de l’ordre dominicain.

Les éditions Arfuyen ont révélé l’œuvre de Marie de la Trinité à travers sept « Carnets spirituels » : Le Petit Livre des Grâces (2002), Consens à n’être rien (2002), Entre dans ma Gloire (2003), De l’angoisse à la paix (2003), Paule dite Marie (2004), Je te veux auprès de Moi (2005), Le Silence de Joseph (2007). Prenant la suite du travail d’Arfuyen, les Éditions du Cerf ont, sous la direction d’Éric de Clermont-Tonnerre, publié onze gros volumes consacrés à Marie de la Trinité : l’intégralité des Carnets (5 vol.) ; la Correspondance avec Mère Saint-Jean (3 vol.) ; la biographie écrite par Christiane Sanson ; enfin deux volumes d’études.

Un aspect essentiel de la pensée de Marie de la Trinité restait aujourd’hui à aborder : sa réflexion intransigeante et novatrice sur les rôles respectifs des prêtres et des laïcs dans l’Église.

Réflexion qui se fonde sur une expérience personnelle très douloureuse : « Je voudrais, écrit-elle, réunir tous les prêtres du monde et leur montrer en exemple vivant ce que c’est que de faire pression sur les consciences, de se substituer à elle ; de développer, pour obtenir plus de soumission, la défiance de soi-même. » Ce sont précisément de tels abus de pouvoir qui sont à l’origine des terribles scandales dénoncés ces dernières années dans l’Église.

Réflexion qui se fonde aussi sur la mission que Marie de la Trinité a reçue pour « remédier aux grands désordres». Ces désordres, autant spirituels que psychiques, viennent de conceptions erronées de la filiation, et en particulier de l’usurpation par les clercs d’une fausse paternité, entraînant « l’exaltation, transférée au plan religieux – mais souvent non purifiée – de leur sexualité masculine ».

« N’appelez personne sur la terre votre père », prescrit l’Évangile (Mt 23, 9). Pour Marie de la Trinité, le sacerdoce appartient à tous. Prêtres et religieux n’ont qu’un ministère pour le service des laïcs. C’est toute une fausse conception qu’il faut donc renverser.

 Coll. Les Carnets spirituels – 2022 – 176 p – 15 euros – ISBN 978-2-845-90341-8