(1887 – 1912)
Georg Heym est né le 30 octobre 1887 dans le Hirschberg, en Silésie. Bien que le désir d’indépendance l’ait souvent poussé à rompre les attaches, Heym n’a guère quitté le giron familial : un père sévère, chrétien convaincu, avocat à la Cour militaire de l’Empire ; une mère timide et effacée ; une sœur, Gertrude, sujette à des crises d’épilepsie.
Heym fait de solides études secondaires et s’est inscrit en droit. Il prétend que ses succès sont dus non pas à son savoir mais à sa faculté d’hypnotiser les examinateurs. Il lit beaucoup mais n’a rien d’un pâle érudit. Malgré les confidences de son Journal, rien ne signale à l’extérieur son désarroi. Bien au contraire, d’allure athlétique et trapue, il rêve d’une carrière militaire.
En 1907 parait le premier acte d’un drame : Der Feldzug nach Sizilien. Heym va travailler à son œuvre dramatique jusqu’en 1910, date à laquelle il prend conscience qu’elle ne réussira pas à le faire connaître.
Sa véritable originalité s’exprime dans son oeuvre poétique et ses nouvelles, mais il prétend ne s’y consacrer que pour prouver à sa famille que l’on peut vivre de la littérature. Il admire Rimbaud et Hölderlin, mais il néglige Verhaeren, reste défiant devant l’œuvre de Stefan George et traite Rilke de « moineau en livrée de paon ».
Deux poèmes de Heym ont paru en 1906 dans un journal de lycée. Mais la rencontre décisive est en 1910 celle du Nouveau Club (Der neue Club) fondé à Berlin par Kurt Hiller un an auparavant. Un groupe de poètes s’y réunit régulièrement et publie une revue intitulée Das neo-pathetische Cabaret. L’esprit y est antimilitariste, on critique la culture et la société de l’Empire.
Dès l’été 1910, au cours de manifestations poétiques du Club, Heym affirme ses prétentions littéraires. Der Sturm s’intéresse à son travail, Aktion publie plusieurs de ses textes. En 1911 paraît chez Ernst Rowohlt un recueil de poèmes : Der ewige Tag (Le jour éternel).
La mort de Heym reste énigmatique. Le 16 janvier 1912, malgré le mauvais temps, Heym et Balcke, un jeune poète de ses amis, vont patiner sur la Havel. On a avancé l’hypothèse d’un suicide mais il n’aurait jamais cherché à entraîner un ami dans cette aventure. Heym soutenait qu’il ne dépasserait pas la trentaine et confiait à ses amis le soin de recueillir ses écrits.
Son rêve du 2 juillet 1910 est étrangement prémonitoire : « J’étais au bord d’un grand lac… Je sombrais dans une eau verte et vaseuse… Je ne me tins pas pour perdu et commençai de nager. Comme par miracle, le rivage lointain se rapprochait de plus en plus.»
OUVRAGES PUBLIÉS AUX ÉDITIONS ARFUYEN