Image de couverture de Serge Saunière
Diptyque avec une ombre comprend deux parties. La première est en vers, la seconde en prose. Les deux pièces du diptyque se reflètent l’une l’autre comme un miroir vide.
« Tu ouvres les portes, les fenêtres, / tu reviens : je ne te connais pas. » Ainsi commence la première partie. Et la seconde s’ouvre par ces mots : « Ce qui pousse à continuer ressemble à du vertige. On s’approche du bord et le vide est là. On se penche, on va tomber – on tombe… »
Et le texte final donne une troisième note en profonde harmonie avec les deux premières: « Je parle, mais c’est comme si je me taisais. Le silence s’est arrêté dans ma bouche d’où sortent des mots sans voix. Les feuilles bougent. Comment dire ce que j’ignore ? Ce qui m’attend, me rejette ? Je traverse le jour et sa cendre. Quelqu’un marche dans mes pas. Si je m’arrête, il s’arrête. Demain ressemble à hier. Seul le présent n’a pas de nom. Entre mes mains, le vide a pris la forme d’un oiseau. »
Il y a là un ton, fait d’une simplicité toute quotidienne et d’une sourde inquiétude. Un suspens que rien ne peut résoudre. Une fragilité que rien ne peut conforter. Cette voix de Jacques Ancet, entièrement démunie et par cela en étroite résonance avec l’aventure spirituelle, nous livre assurément beaucoup de nous-mêmes.
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2005 – ISBN 978-2-845-90071-4 – 14 €