En épigraphe de son livre, Jacques Goorma a inscrit une phrase mystérieuse de Thérèse d’Avila : « Le vol de l’esprit est un je ne sais quoi, qui monte du plus profond de l’âme. On ne peut l’expliquer davantage, et véritablement cela ressemble à un vol ; je ne connais point de comparaison qui convienne mieux. Je sais seulement qu’on sent cela très clairement dans cet état, et qu’on ne peut y résister. »
Ce « vol de l’esprit », il aime à se l’imaginer sous la forme émouvante et simple de ce vol de loriot qu’il guette des fenêtres de sa grande maison alsacienne. Oiseau qui ne se confond avec nul autre : « Le chant sonore et flûté du loriot est reconnaissable entre tous, écrit Théodore Blesius en son Ornithomancie que cite Goorma. (…) Surprendre le secret de son vol, ondulé et rapide comme une joie bondissante, est chose plus rare encore et bienveillant présage. L’or habite le chant comme il habille le plumage de cet enfant du soleil. Fiancé du printemps, favorable aux alliances, il augure des naissances et annonce l’éveil. »
Le livre comporte neuf parties : « La fourmilière », « L’éclipse », « Le plus souvent », « Allongé sur le dos », « L’exploration se prolonge », « Rêves et cauchemars », « Une prodigieuse simplicité », « Le ravissement » , « L’art du vol ». Chacune s’ouvre par un texte en prose et se poursuit en huit poèmes.
Un texte en prose, « Le vol instantané », livre en finale l’essentiel du propos de tout le livre : « J’étais devenu le vent. Le ciel. La juste distance. La clarté et les grands fonds de l’intériorité. (…) Je visitais ainsi d’incroyables contrées où se vit toute une part de notre vie que nous ignorons. Mais bientôt les rêves rejoignaient le néant des pensées foudroyées. À tire-d’aile, nos enfances s’éloignent. Les parents, les aînés, les amis disparaissent. À tire-d’aile, l’enfance regagne son royaume, sa perspective radieuse, son origine instantanée. Le grand jour unique de la conscience. »
♦♦♦ Lire l’article de Jean Mambrino
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2005 – ISBN 978-2-845-90074-5 – 15 €