Jean Mambrino a été distingué par le Prix Jean Arp de littérature francophone 2004 qui lui sera remis à Strasbourg en mars 2005. Le présent ouvrage est publié pour marquer l’hommage qui sera rendu à cette occasion à l’ensemble de son œuvre.
L’Abîme blanc confirme la place essentielle de Jean Mambrino dans la littérature de notre temps, trop occultée par l’éclatant talent du chroniqueur de théâtre de la revue Études et du critique littéraire (cf Lire comme on se souvient et la Patrie de l’âme, tous deux parus chez Phébus en 2000 et 2004).
« Le poète écoute et refait des appels de toutes parts, du dehors comme du dedans. Il accueille en façonnant, et se façonne en acceptant ce qui le métamorphose. » C’est sur ces mots que s’ouvrait L’Hespérie, pays du soir. Pas de poésie plus intérieure, en effet, que celle de Mambrino, fondée sur l’expérience spirituelle la plus haute et la plus fervente. Mais aussi pas de poésie plus ouverte sur les mille visages du monde et ses métamorphoses.
Comme ses précédents recueils et sans doute plus encore, L’Abîme blanc est fascinant par l’invention d’une forme et d’un rythme nouveaux, avec des vers très longs et magnifiquement justes, qui donnent à la parole du poète un souffle et une générosité immédiatement sensibles.
Citons le premier poème de ce recueil qui en compte soixante, d’une seule tenue : « il passe, s’efface, saisit au vol tes paroles qui émiettent leur appel sur fond d’absence, de néantise et de souci, / toujours protes à surgir de l’abîme blanc, à te dire l’impossible, si facile et familier, à te prendre, te reprendre, t’entreprendre, / pour se cacher derrière toi, devant ce que tu es, loin devant, à côté, invisible a force de proximité, / attirant vers soi ton souffle dans le sien qui le fait naître, le retient, le refait, le refait, et le désire plus que toi, / seul aimé ». Chaque poème se termine ainsi par un vers très court, comme en suspens.
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2005 – ISBN 978-2-845-90063-9 – 11 €