Levées d’empreintes

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Ce nouveau recueil de Pierre Dhainaut comporte douze parties : « Tracé pour l’écho », « Trois rituels nocturnes », « Aux nuits parturientes », « Largeur d’écoute », « Par temps sec ou lisible », « Dans l’ordre de la venue », « À la merci des lèvres », « Permanence des préliminaires », « Accords au passage », « Questions premières », « Enfin ce serait oui », «Offrir et ne jamais fini ». La forme des textes varie : poèmes amples, strophes, fragments. Au cœur du recueil, « Accords au passage », dans cette forme entre aphorisme et haïku qu’affectionne tout particulièrement Dhainaut, donne à entendre mieux que jamais le mouvement de cette écriture.

Pour Dhainaut le poème est une approche toujours recommencée du réel : « Le poème, un rivage où nous allons / toujours au-devant du rivage. » Le poème va toujours en avant, sans relâche, sans retour : « Le reflux même, tout se dit / dans le flux dans un poème. » Comme si, par le poème, c’est le réel même qui cherchait à se dire, à prendre conscience de soi : « À quoi sers-tu d’intermédiaire ? / c’est la question des falaises, des poèmes. » Comme si le poème pouvait donner à sentir entre ses mots la totalité du réel : «Dans l’intervalle des poèmes / l’odeur de la glaise, celle du varech. »

C’est pourquoi le poème n’est aucunement un jeu ni un artifice, mais d’abord écoute, justesse de l’oreille et de la voix : « Flammes incontrôlables, auprès d’elles / le poème apprend à parler juste. » Non pas exercice de maîtrise, morceau de bravoure, mais attente de la grâce, abandon à l’instant : « D’une syllabe inattendue, le poème reçoit / sa clef de voûte, la résonance. »

Mais quel bonheur, lorsque se lève le chant et que le réel est là, tout entier, vivant, et comme transfiguré : « Les mains ne quitteront le poème / qu’une fois remplies d’embruns, de grains. » On l’aura compris, le travail du poème est avant tout pour Dhainaut démarche spirituelle : attention juste, parole juste.

Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 2008 – ISBN 978-2-845-90114-8 – 12 €