O corpo sospiroso
Traduit de l’italien par Monique Baccelli – BILINGUE
« Ô corps soupirant, / ô mon cœur amoureux, / survivance de Dieu / dans le flux allègre des eaux / pipeau, oiseau rouge, / oh, ma fleur d’azur ! / En toi loge le monde, / loge le subtil monde, / ô mon herbe sylvestre, / roue galactique, et sodium / dans l’infini des électrons / parmi les chants marins tu vogues. »
La langue poétique de Bonaviri est d’une extraordinaire vivacité, rapidité. Elle semble se déployer dans un espace qui lui est propre : celui de l’infiniment petit, celui de l’intersidéral, celui du fond d e l’âme, on ne sait, tous à la fois sans doute, et c’est le même.
Pas d’explications savantes, ni de lyrisme échevelé : la simple évidence d’un monde très matériel, très subtil où les mots se jouent avec un bonheur déroutant, comme si chaque coup portait, comme si une innocence du verbe était tout à coup retrouvée, avec une joyeuse alacrité.
« Il n’est point de cartes marines / en la mort, ni tailleurs / peignant à l’aiguille, et toi / ô corps aimable tu iras / dans les noires ténèbres / ne donnant joie ni abondance. // Ô corps cristal, / et cuivre, et Heures, et lac, / œuf trilobé, et temps, / tu t’obscurcis, ahurie / se fait la face du jour, / le coq ne chantera plus ! »
Coll. Les Cahiers d'Arfuyen – 1996 – ISBN 978-2-908-82537-4 – 9,91 €