La lecture de Claude Dandréa
Extraits d’un article sur Comme un souffle de rosée bruissant paru dans Études en novembre 2006
Encore un très beau livre de Jean Mambrino, ce grand poète de la spiritualité qui, à plus de 80 ans, ne cesse de nous éblouir par sa maîtrise formelle et l’indéfectible espérance qui illumine ses poèmes.
Le titre et l’épigraphe, empruntés au Livre de Daniel, font référence au récit des trois jeunes Juifs jetés dans la fournaise par Nabuchodonosor pour avoir refusé l’idolâtrie. Mystérieusement épargnés par le feu, ils entonnent un hymne de louange au Dieu créateur de toutes choses qui les a « arrachés à l’enfer et sauvés des mains de la mort » (III, 88, texte grec).
C’est cette thématique du feu qui parcourt tout le livre de Jean Mambrino et lui donne son unité : brasier des origines du monde, flamme du désir qui attire l’homme vers l’absolu, mais aussi enfer des « captifs de la fournaise », prisonniers de l’En-Bas où la vie n’a plus de sens. Mais cela reste un livre de lumière, même si la douleur y a une place essentielle (elle culmine, au centre exact du recueil, dans le poème 45 qui évoque, avec une grande densité, la Passion du Christ dont « le néant / s’est remis à l’Amour »).
Hymne à la beauté de l’univers dans ses plus humbles manifestations, il est consentement à la dépossession qui nous prépare à la rencontre ineffable « dans une aurore de rosée, / où tu savais qu’en traversant le pire/tu le reconnaîtrais / au milieu des flammes ».