Sur « Le Grand Veneur des âmes »

La lecture de Monique Pétillon

Extraits d’un article sur Le Grand Veneur des âmes paru dans Le Monde du 24 mai 2019

Poète fervent épris d’absolu, Max de Carvalho né à Rio de Janeiro en 1961 est un des grands traducteurs de la poésie brésilienne et portugaise […].

Après l’élégiaque Les Degrés de l’incompréhension (Arfuyen, 2014), qui évoquait le « dépatriement », la violence de son nouveau recueil surprend et frappe, d’emblée.

C’est au « Grand Veneur des âmes » que le poète, « tel un cerf altéré », attribue sa blessure. La prosodie abrupte, les mots fracturés, l’allusion aux derniers poèmes de Hölderlin(1770-1843), signés Scardanelli… tout exprime une douleur sauvage. […]

Mais à la révolte et à l’effroi succède une bouleversante douceur : elle se déploie dans le souvenir à demi rêvé, cette « seconde vie », selon Nerval, dont un poème avait inspiré à Carvalho le titre de sa belle revue, La Treizième. « Un jour comme la saxifrage / perce le rocher, tu fleuriras / l’hiver et je reconnaîtrai ta / joie , la radieuse tristesse de / ton dernier sourire ».