Le prix Nathan Katz du patrimoine
Située à la croisée des deux axes entre l’aire germanique et le royaume de France, entre les riches Flandres et les cités italiennes, favorisée de plus par sa richesse agricole comme par son dynamisme commercial, l’Alsace ne pouvait manquer d’engendrer au cours des siècles une culture de premier plan. Ainsi en a-t-il été en particulier dans le domaine de la littérature, du Tristan de Gottfried de Strasbourg à la Nef des fous de Sébastien Brant, du Lundi de Pentecôte d’Arnold, célébré par Goethe, à l’œuvre littéraire de Jean Hans Arp, et du Jonas de Jean-Paul de Dadelsen au prix Nobel de la paix Albert Schweitzer.
En 2004, le prix Nathan Katz a été créé pour faire redécouvrir cet immense patrimoine qui, de par l’histoire de l’Alsace se trouve très étrangement éclaté en plusieurs langues, le français n’y étant devenu vraiment langue littéraire qu’après 1945. Les Éditions Arfuyen ont soutenu cette entreprise depuis son origine en acceptant de prendre en charge chaque année la publication du texte traduit dans le cadre du Prix. C’est une véritable bibliothèque qui s’est ainsi constituée, dont la richesse et la variété peuvent se vérifier sur le site du Prix : prixnathankatz.com
Pour marquer en 2019 son 15e anniversaire, le Jury du Prix Nathan Katz a décidé d’attribuer cette année deux prix : le Prix Nathan Katz du patrimoine 2019 distingue René Schickele pour son œuvre d’écrivain-journaliste, avec Nous ne voulons pas mourir, traduit par Charles Fichter. Un prix spécial du Jury distingue Marie Jaëll, dont les carnets et correspondances inédites font enfin l’objet d’une édition sous le titre Je suis un mauvais garçon. Nul besoin d’être Alsacien pour s’intéresser à un tel patrimoine littéraire, si actuel et universel: car c’est la littérature d’un pays sans État, sans frontières et sans langue, sans cesse violenté par l’Histoire – par ses armées comme par ses bureaucraties – et continuant cependant de vivre dans cette utopie, comme le Baron perché d’Italo Calvino dans son beau pays d’arbres.