La Ballade des hommes-nuages

Michèle Finck poursuit l’élaboration d’une œuvre à nulle autre pareille, où l’autobiographie tient une place essentielle et s’exprime d’emblée dans une polyphonie des formes d’expression artistique, musique mais aussi peinture et cinéma. Comme tous ses précédents livres, ce nouvel opus est marqué par une architecture très musicale comme par une écriture abrupte et puissamment expressive. Nourrie d’une profonde réflexion théorique, c’est pourtant la force d’émotion et l’engagement personnel qui font la singularité de cette œuvre.

Sur un piano de paille, le précédent recueil de Michèle Finck, se concluait sur ces derniers vers : « Poésie dire ce que c’est : la condition humaine. / La musique est l’autre face de la mort. / Sa face terrestre. »

C’est une autre face de l’humaine condition qui est au centre de ce nouveau livre : la maladie mentale, envisagée non de manière abstraite, mais à travers la figure de l’homme aimé. Un parmi tant d’autres « hommes nuages » enfermés dans la maladie : «  Pitié  pour les hommes-nuages / Qui combattent   effroi  aux frontières / De la folie ». Ne nous y trompons pas cependant : ce livre, cru, violent, est bien plus qu’une déploration : c’est un chant de vie et d’amour.

Ce livre n’est pas un recueil de poésie comme on l’entend. Il est d’un seul tenant, d’une seule coulée brûlante de douleur et de tendresse. Et dans le même temps totalement maîtrisé, construit avec un soin obsessionnel : « Être    poète, écrit-elle / Passer  vie / À  chercher / Mot    qui  manque. / Pas  pour le mot. / Pour  la  guérison. / Pour  l’amour. / Pour  sauver  l’autre. » Les précédents livres de Michèle étaient des tombeaux, peuplés de pleurs et de cris, celui-ci est un chant d’amour et d’un paradoxal bonheur : « Sans toi homme-nuage / C’est la vie / Sans la vie ». « Homme-nuage / Femme-nuage : / Nous ».

Après Balbuciendo (2012), La Troisième main (2015), Connaissance par les larmes (2017) et Sur un piano de paille (2020), La Ballade des hommes-nuages est le cinquième livre de Michèle Finck que publient les Éditions Arfuyen.

Coll Les Cahiers d'Arfuyen – 2022 – 276 p. – ISBN 978-2-845-90324-1 – 18,5 €