Sur « Ainsi parlait Maeterlinck »

La lecture de Jean-Marie Corbusier

Extraits de l’article paru dans le Journal des poètes, I / 22

Yves Namur, dans sa préface, présente succinctement Maeterlinck et son œuvre. Il en a extrait des dits et maximes, 447 articles au total. Il y a des évidences en exergue, des principes de vie que l’on prend pour soi ou que l’on rejette après méditation, des conseils moraux, des pensées courtes ou développées. Le lecteur y trouve un côté affirmatif, sûr de soi, presque comme une démonstration à certains moments. « La manière dont nous aimons ce que nous croyons être une vérité a plus d’importance que la vérité même. Certaines qualités sont mises en évidence : la simplicité, l’ardeur, la fermeté d’un attachement sincère… « 

Ces dits et maximes dont certains nous accrochent plus que d’autres, nous poussent à la réflexion sur le monde, sur les autres, sur nous-mêmes. On y trouve aussi un vaste désir d’appartenir au monde, d’en représenter la présence mais aussi à trouver une consolation à vivre, si même elle est plus dans les mots que dans les faits. L’espérance est partageable et l’accueil que nous lui faisons ne dépend que de nous. Ces affirmations, quelquefois, deviennent un profond questionnement qui atteint notre chair, dépasse notre esprit pour mettre notre corps en avant, lui donnant ainsi la primauté. […]

Chez Maeterlinck, le lecteur oscille souvent entre deux idées, entre deux attitudes de vie aussi exactes, aussi prégnantes l’une que l’autre. Peut-être, ne fait-il, en fin de compte, que suggérer plus que d’affirmer : Les hommes vénèrent ce qui les fait souffrir…Le lecteur restera toujours libre de sa propre perception des choses et de sa lecture.

268. Nous sommes à la fois nous-même et un autre, nous-même et plusieurs autres, nous-même et tous les autres, nous-même et l’univers, nous-même et l’infini.

269. Ne pas savoir ce qu’il est venu faire sur terre, voilà le grand et éternel tourment de l’homme. […]

Maeterlinck nous dit qu’il est difficile d’aller vers les autres, bien que la volonté y soit, il y a comme un barrage « naturel » et il ajoute : Il y a un moment où les âmes se touchent et savent tout sans que l’on ait besoin de remuer les lèvres. On doit rester au-dessus des événements et accepter la solitude, mais toujours aller vers l’homme et mesurer les difficultés de la vie. Nous assistons de la part de l’auteur à une véritable recherche avec ses aller-retours, ses contradictions, ses découvertes, ses expériences diverses, comme aller de l’existence au néant, de la vie à la mort… Ce livre contient la pensée essentielle de la vie : la tentative de répondre au pourquoi et au comment de l’existence et de s’en accommoder même dans l’ordre social.