Journal de Baden

Préface d’Yves Leclair

Nicolas Dieterlé s’est donné la mort en l’an 2000 sans avoir publié aucune de ses œuvres ni exposé aucun de ses tableaux. Tout était prêt cependant et n’attendait que de voir le jour. Les Éditions Arfuyen ont pris en charge dès 2004 de publier l’ensemble de cette œuvre littéraire.

La parution de L’Aile pourpre en 2004 en a été la première révélation. Deux volumes ont suivi : Ici pépie le cœur de l’oiseau-mouche, en 2008, et Afrique et autres récits, en 2013, marqués par un même regard tout à la fois joyeux et voilé d’une étrange mélancolie. Un beau numéro spécial de la revue Diérèse paru en 2013 a marqué l’importance de cette œuvre à nulle autre pareille.

La tonalité de Dieterlé est marquée à la fois par l’étrangeté et la grâce du romantisme de Novalis  et par la puissance et la menace de l’Afrique noire où il a vécu son enfance. De ce mélange unique naît un monde d’image neuf et frappant.

« Nicolas Dieterlé est, tout ensemble, écrit Yves Leclair dans une préface sobre et éclairante, l’enfant consolable d’une terre africaine, exotique, puissante, sensuelle et colorée, une sorte d’acrobate de la joie divine à la manière d’un Chagall et, tout autant, le fils prodigue du plus alchimiste des poètes romantiques allemands, ce Novalis dont il avait déjà rédigé le synopsis d’un essai à venir quand la maladie dépressive l’assiégea et lui fit mettre une fin aussi cruelle que soudaine à sa quête inachevable. »

Récits, souvenirs, promenades, méditations, sans relâche Dieterlé interroge le présent et tente d’en recueillir la voix. Cinq mouvements constituent cet ensemble : le « Journal de Baden », écrit non loin de cette Forêt-Noire si chère aux grands Romantiques allemands que Dieterlé aimait tant, « Mélancolie », « Parmi les bris de la matière », « 30 fragments » et « Les oiseaux ». En couverture et en frontispice, deux images de Nicolas Dieterlé.

« Notre joie la plus pure, écrit Dieterlé dans ce Journal de Baden, est dans l’oubli et la transparence. Toutes les autres joies sont des joies mélangées. » Dans la contemplation d’un oiseau ou d’un arbre, c’est une lumière qui nous saisit ; ou, dans un rêve, telle révélation qui s’impose à nous ; ou, dans la rencontre, ces instants où l’amour nous ouvre à une éternité…

Dieterlé, par sa sensibilité extrême, a éprouvé mieux que quiconque la catastrophe écologique et spirituelle qui allait s’ouvrir avec le nouveau millénaire.

♦♦♦  Lire l’article de Pierre Tanguy

 Coll. Les Vies imaginaires – 180 p. – 2021 – 16 euros – ISBN 978-2-845-90308-1