2020

6 décembre 2020 — La Petite Chambre qui donnait sur la potence, de Nathan Katz, lu par Pierre Tanguy (Recours au poème)

7 octobre 2020 — Ainsi parlait André Suarès, lu par Didier Ayres (La Cause littéraire)

25 septembre 2020 — La Petite Chambre qui donnait sur la potence, de Nathan Katz, lu par Isabelle Baladine Howald (Poezibao)

19 septembre 2020 — Un printemps à Hongo, d’Ishikawa Takuboku, lu par Kevin Dio (Comaujapon)

17 septembre 2020 — Passage des embellies, de Jean Pierre Vidal, lu par Patrick Corneau (Le Lorgon mélancolique)

1er avril 2020 — De l’improbable, de Marie-Claire Bancquart, lu par Marc Wetzel (Poezibao)

Avril 2020 — Le Livre de la vie monastique, de Rainer Maria Rilke, lu par Alain Roussel (Europe)

11 mars 2020 — Goûter Dieu, de Thomas Traherne, lu par Marc Wetzel (Traversées)

1er semestre 2020 — Sur un piano de paille, de Michèle Finck, lu par Jacques Goorma (Revue alsacienne de littérature)

2021

Été 2021 — Le Journal de Baden, de Nicolas Dieterlé, lu par Pierre Tanguy (Diérèse)

6 juin 2021 — Dis-moi quelque chose, d’Yves Namur, lu par Christine Durif-Bruckert (Recours au poème)

9 mai 2021 — À l’ombre d’un tilleul, de Catherine de Gueberschwihr, lu par Serge Hartmann (DNA)

4 mai 2021 — Ainsi parlait W. B. Yeats, lu par Pierre Tanguy (Bretagne actuelle)

Avril 2021 — Mordechai Joseph Leiner (1801-1854), la liberté hassidique, de Catherine Chalier, lu par Marc Wetzel (Europe)

15 mars 2021 — Ici, de Pierre Dhainaut, lu par Marc Wetzel (Poezibao)

2 février 2021 — Ainsi parlait Marcel Proust, lu par Patrick Corneau (Le Lorgon mélancolique)

11 décembre 2020 — La folle de la porte à côté, d’Alda Merini, lu par Christian Travaux (Poezibao)

28 octobre 2021 — Un printemps à Hongo, d’Ishikawa Takuboku, lu par Alain Roussel (En attendant Nadeau)

2022

16 décembre 2022 — L’Île du Vésuve, de Clotilde Marghieri, lu par Stefano Palombari (L’Italie à Paris)x

Décembre 2022 — Ainsi parlait Montaigne, lu par Giovanni Dotoli (Studi li letteratura francese)

3 novembre 2022 — Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, lu par Mikaël Lugan (Epistoles)

Novembre 2022 — Manuel de Réisophie pratique, de Laurent Albarracin, lu par Alain Roussel (Europe)x

1er octobre 2022 — « Mon petit Antoine, correspondances et conversations ave Marcel Proust, lu par J.-M. Corbusier (Journal des poètes)

1er octobre 2022 — Sur Dieu, de Rainer Maria Rilke, lu par Émeline Durand (Critique)

Octobre 2022 — Un dédale de ciels, de Benoît Reiss, lu par Jean-Marie Corbusier (Le Journal des poètes)x

Automne-hiver 2022 — Ainsi parlait André Gide, lu par Pierre Tanguy (Diérèse)

22 septembre 2022 — Ainsi parlait Épicure, lu par Marc Wetzel (Poesibao)

Septembre 2022 — Sur les rives de Tibériade, de Rachel, lu par Pierre Tanguy (Diérèse)x

19 août 2022 — Les Règles de la vie quotidienne, de Louis Lavelle, lu par Marc Wetzel (La Cause littéraire)

27 juillet 2022 — Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, lu par Alain Roussel (En attendant Nadeau)

26 juin 2022 — La Ballade des hommes-nuages, de Michèle Finck, Veneranda Paladino (DNA) X

15 juin 2022 — Manuel de Réisophie pratique, de Laurent Albarracin, lu par Christian Travaux (Poezibao)

4 mai 2022 — Je t’écris de Bordeaux, de Giuseppe Conte, lu par Marc Wetzel (La Cause littéraire)

27 avril 2022 — La Ballade des hommes-nuages, de Michèle Finck, lu par Alain Roussel (En attendant Nadeau)

26 avril 2022 — Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, lu par Pierre Tanguy (Bretagne actuelle)x

14 avril 2022 — Conversations avec Rainer Maria Rilke, de Maurice Betz, lu par Marc Wetzel (La Cause littéraire) x

11 avril 2022 — Conversations avec R. M. Rilke, de Maurice Betz, lu par Isabelle Baladine Howald (Poezibao)

7 avril 2022 — Ainsi parlait Maeterlinck, lu par Marc Wetzel (Traversées)

Avril 2022 — La Ballade des hommes-nuages, de Michèle Finck, lu par Jean-Marie Corbusier (Le Journal des poètes)x

Avril 2022 — Ainsi parlait Montaigne, lu par Jean-Marie Corbusier (Le Journal des poètes)x

Avril 2022 — Entretien avec Michèle Finck, par Isabelle Levesque (Terre de femmes)

10 mars 2022 — Ainsi parlait Maeterlinck, lu par Christopher Gérard (Archaïon)

17 février 2022 — Les Chants de l’Enténébré, de Georg Trakl, lu par Florence Saint Roch (Terre à ciel)

16 février 2022 — Ainsi parlait Montaigne, lu par Marc Wetzel (La Cause littéraire)

Janvier 2022 — Ainsi parlait Maeterlinck, lu par Jean-Marie Corbusier (Le Journal des poètes)x

Sur « La Ballade des hommes-nuages »

La lecture d’Irène Gayraud

Extraits d’un article paru dans Place de la Sorbonne, janvier 2023

Le dernier recueil de Michèle Finck, La Ballade des hommes-nuages, repose sur une expérience autobiographique non dissimulée : « ceci est mon journal-poème ». Amenée avec une grande délicatesse de voix, cette expérience autobiographique douloureuse s’entremêle à une réflexion sur la nature et les pouvoirs de la poésie, ainsi qu’à un poignant appel à la compassion – au sens étymologique du terme (souffrir avec), mais aussi au sens d’une prise en compte aimante de la souffrance de l’autre – pour les êtres qui échappent aux lois de la raison, les êtres dits « fous », ces « hommes-nuages ». […]

Tournoyant autour de deux personnages, l’un féminin, l’autre masculin et prénommé « Om », ce recueil est avant tout un grand livre d’amour, un grand chant d’amour crié par la voix de la poétesse pour « Om ». Un amour tellement absolu qu’il fait face à tout, qu’il tient bon même devant l’enfer des hôpitaux, même devant la souffrance terrible de la folie. […]

Devant ce « visage outre-humain », l’enfant éprouve pour la première fois une « compassion qui [la] dépasse », et qui nourrira sa vie. Car ce livre est aussi une relecture à la fois grave et tendre de divers moments marquants de l’enfance à l’aune de la relation vécue adulte avec l’aimé fou : le lien profond et compassionnel avec la folie pouvait se lire, comme des signes d’un destin écrit, dans les événements et les rêves de l’enfance. […]

Cette recherche du « mot qui manque », qui traverse tout le livre, n’est pas simplement une image ou une métaphore du travail poétique : elle est véritablement l’espoir de sauver l’aimé grâce à ce mot. Comme si la croyance précaire dans ce mot manquant à l’aura magique rejoignait l’univers des contes, qui irrigue tout le recueil, qu’il s’agisse des contes (ou des rêves) de l’enfance, ou de cet Oz merveilleux qui semble le point central vers lequel Om est tendu tout entier.  […]

Chaque poème de ce recueil, et en particulier les poèmes adressés à Om, œuvrent pour maintenir avec lui – envers et contre tout – le dialogue (au-delà du simple téléphone, souvent utilisé dans la relation qui nous est contée). Peut-être que ce dialogue maintenu avec Om par la poésie, poésie qui ne cesse de se pencher « au-dessus de chaque lit de détresse », est-il le véritable objet du livre, porté par une langue percutante (pas un mot de trop), directe (refus des tropes), sensible (la simplicité, l’absence d’images font que l’émotion affleure et déborde), et laissant une large place au silence et aux blancs.

En fin de livre, les poèmes de « Suite nuages » ont dans leur cisèlement la grâce des haïkus : ils flottent sur la page comme des nuages dans un ciel, et ils émeuvent aussi car on sent qu’ils sont une réponse au travail de vidéaste d’Om, qui ne cesse de filmer les nuages partout, même depuis sa chambre d’hôpital : dire les nuages comme lui les filme est une manière de le rejoindre, quelque part au-dessus du sol.

Sur « La Ballade des hommes-nuages »

Une lecture de Jean-Marie Corbusier

Extraits d’un article paru dans Le Journal des poètes, 2 / 22

Il y a, à certains moments, comme un dérèglement de la phrase, des saccades, les mots se séparent laissant entre eux des blancs aux grandeurs souvent égales, mais le tout reste lisible, serait-ce là une image de la « maladie », être dans le régulier et l’irrégulier à la fois, dans l’attendu et l’inattendu, dans une perte où tout reste visible à très peu de chose près.

Michèle Finck est à la recherche du mot qui manque, avec son obsession et sa magie, celui qui pourrait guérir, à la recherche d’un mot fort capable de soulever le réel et de restituer un ordre perdu : Qui a mot   a pouvoir. Le mot est une énergie, on s’en remet à lui dans un désespoir qui cependant demeure lucide, une prière que l’on adresse au monde des vivants, un possible encore. Les paroles se gagnent l’une l’autre, paroles dures, drues qui battent les flancs du blanc sans concession, volontaires.

Le mot qui manque, le mot de la peur imprononçable, celui de la présence-absence, rend le poème parfois désordonné à son ordre. Et pour ce faire, l’auteure limite le mot à son essentiel, au son qui en fait nous renvoie au seul langage parlé, celui qui a effet sur l’autre, celui que l’on peut dire, voire crier, celui par lequel nous sommes entendus directement : homme devient om. […]

Ce recueil est une belle construction où alternent des poèmes aux structures différentes, avec des mots en caractères gras, en italique, poèmes très courts, plus longs, entrecoupés du Carnet d’hôpital avec un échange entre (la voix du médecin) et (la voix du malade). Des poèmes depuis l’horizontalité jusqu’à la verticalité assurent une mise debout du recueil. […]

À certains endroits du recueil, la musique est bien présente comme partie prenante de l’être et peut-être plus la musique intérieure quand l’instrument a disparu. Poésie et musique se sont alliées comme pour trouver par deux langages réunis le mot qui manque. Michèle Finck nous fait plus qu’une description de la maladie, il s’agit de vivre avec elle comme si elle était une autre face du monde où la raison n’est pas absente mais différente. Poèmes de douleur, de tendresse sans révolte, une acceptation et toujours devant soi le guide du mot qui manque, le sauveur et son énorme pouvoir.

Livre dense, compact, lançant des éclairs dans plusieurs directions du temps et de l’espace, assurant une liaison entre le proche et le lointain, la question et la réponse ou l’absence de réponse. Recueil pour une lecture lente, riche, multiple, humaine, recueillie comme une Nuit transfigurée où les échos des vers se répondent comme un vaste concerto où la soliste est en même temps chef d’orchestre. La Ballade des hommes-nuages, un appel à l’humanité, à proscrire l’exclusion et à considérer la maladie mentale comme partie du monde, à dialoguer avec elle, autre réel présent.

Sur « Un dédale de ciels »

La lecture de Jean-Marie Corbusier

Extraits d’un article paru dans Le Journal des poètes, 4 / 2022

L’auteur revient vers les chairs disparues des chers disparus. Ils ne font plus qu’un dans la mémoire qui les ravive. L’arrière-petit-fils côtoie l’arrière-grand-père dans des gestes quotidiens les plus banaux, parfois aussi les plus secrets. Nous sommes dans le temps et hors du temps, l’espace n’a plus de lieu, il est tous les lieux présents et confondus.

Toute une série d’images dérivent qui se dispersent et s’assemblent parfois dans des mouvements surréalistes. Sa voie dégringole / émiettée / depuis la forme noire / accroupie sur moi. On s’échappe vite du réel, la rêverie qui gouverne le souvenir permet de lancer le songe dans des directions insoupçonnées. Le réel advient mais dans un autre avènement : Mon aïeul tient un journal de silence.

Les limites rationnelles se dépassent, le cloisonnement entre les catégories de choses disparaît, le monde semble un à-plat tentaculaire. Tous les sens sont aux aguets dans un retournement possible des choses. […]

Dans cette intimité où l’oubli refait surface, il n’y a pas de sentiment exprimé, ce sont des descriptions de gens, de lieux, de faits d’existence perdus dans la masse des existants, sans éclat sans rien qui les ait retenus pour que quelqu’un se souvienne. Existence banale, tout témoin disparu, les chairs pourrissent au fond du noir mais cela avait déjà commencé la vie durant : les impressions, les sentiments mêlés de ma grand-mère qu’elle ne dit pas.

Vie étouffée par la vie ordinaire, l’auteur lui rend un peu de lustre en dépassant le réel en activant les voies du songe. Voici tous ces gens redevenus vivants et anonymes l’instant de la lecture. Ecriture franche et directe qui ne s’embarrasse pas de mots inutiles, sensible sous le verbe ordinaire.

Sur « Ainsi parlait Montaigne »

La lecture de Jean-Marie Corbusier

Extraits de l’article paru dans le Journal des poètes, 2 / 22

Ce livre au sujet de Montaigne est un rajeunissement, je dirais aussi une mise de la parole au goût du jour, de son évidence, de son essentiel sans ajout. Dans l’introduction, Quand M. de Montaigne a lâché sa baguette, l’auteur nous donne une biographie mais surtout au sujet des voyages effectués par Montaigne, des lieux et des personnes visités.

Lire dans le texte de cet auteur est truculent et jouissif, mais certains mots sans l’aide d’un glossaire restent difficiles à comprendre. Comment revenir à Montaigne débarrassé de tout ce que les critiques littéraires en ont dit, de toutes ces phrases mises en exergue par des lecteurs autres que soi ?

On a l’impression, dans ce livre de Gérard Pfister, de relire un Montaigne à l’air libre, d’y respirer à son rythme et non pas à celui des autres. Montaigne dépoussiéré, allégé et brillant, sorti d’une gangue et de sa biographie encombrante et imposée. Enfin Montaigne au-dessus de lui, ayant à cheval traversé des siècles pour nous apporter l’idée de bien-être, du désir de vivre, d’accepter l’autre dans sa différence… bref de tout son humanisme. […]

De l’air, de la plénitude, de l’espace ! C’est ce que nous propose le nouveau titre de la collection : Ainsi parlait. Les précédents ouvrages ont le même effet : décaper, épurer, rendre lisible et vivable un autre état des lieux, rapprocher lecteurs et écrivains par l’essentiel de leurs écrits. […]